En quelques mois, sous une forme inédite et par son élection inattendue, Emmanuel Macron a bouleversé les codes traditionnels de la politique française.
En faisant sortir des habitudes et des cadres de référence habituels, la nouveauté ébranle les certitudes, pose question, stimule la réflexion, oblige la pensée à se mettre en mouvement et les esprits à se positionner différemment. Certains y sont manifestement déjà prêts. D’autres se mettent « en marche ». Nombreux sont ceux qui doutent voire le refusent, trop heurtés dans leurs convictions, leurs références théoriques, arc-boutés sur des points d’appui indispensables au maintien d’un sentiment de sécurité déjà rongé par les différentes peurs sociales et désillusions politiques. Tout pourtant apparaît clairement pour celui qui est prêt à envisager le monde différemment.
Le parcours, la démarche et l’élection d’Emmanuel Macron posent les bases d’une nouvelle façon de gouverner et pas seulement. Les retentissements de ce choix politique « progressiste » donnent à la société française la chance de vivre et d’agir autrement grâce à l’application de nouveaux principes qui posent le cadre solide au sein duquel s’inscrit une dynamique positive et créative.
-Le premier principe privilégie l’action pragmatique. Si les connaissances théoriques servent comme outils de compréhension, l’action s’appuie prioritairement sur la prise en compte des conditions de l’événement ou de la situation à considérer. Ainsi, rendant aux facteurs de réalité toute la place, l’action est adaptée, notamment grâce à la concertation, l’implication et l’empathie qui y sont associées.
-Le deuxième principe privilégie donc la concertation des points de vue, même si ils sont très différents. La collaboration collective est primordiale car le pouvoir n’est plus uniquement vertical et pyramidal en dépendant d’un seul homme qui fait autorité. La décision politique résulte d’une communication active, d’une synthèse réfléchie qui amène au choix le plus adapté. Ce choix engage la responsabilité de celui qui la conduit ou l’impose car il n’y pas d’action politique sans implication responsable.
-Le troisième principe repose naturellement sur la notion de risque. Tout mouvement induit un changement dont il faut prévoir et assumer les effets -même négatifs- car c’est lui qui évite le blocage sclérosant et le repli sur soi mortifère. L’énergie ainsi développée et assumée favorise la confiance et renforce les motivations individuelles et collectives.
-Cette confiance ne sera véritablement effective que si les responsables démontrent par leur action et leurs discours une empathie à l’égard des personnes gouvernées; l‘empathie n’étant pas seulement une variable émotionnelle mais la faculté de montrer à l’autre que l’on est capable de ressentir et de s’adapter à lui comme référentiel unique et spécifique. C’est une question de respect. A ce niveau, l’utilisation des cadres statistiques est limité à l’échelle de leur utilité (gestion simplifiée des informations en grand nombre) et rend aux facteurs humains ou environnementaux la place qu’ils méritent.
Ainsi, dans l’intention positive de développer une action politique adaptée, concertée, responsable et emphatique, Emmanuel Macron semble jeter les bases d’un renouveau indispensable à la mobilisation de toutes les énergies créatives de notre pays.
Il reste cependant la question de son indépendance vis à vis des différents réseaux d’influence qu’ils soient privés ou publics. Car ceux-ci, en favorisant jusqu’alors prioritairement les relations de pouvoir et de compétition associées à un territoire – et cela dans presque tous les domaines- sont-ils vraiment prêts à changer leurs habitudes comportementales et conceptuelles, à abandonner leurs privilèges? Sera-t-il donc possible, comme le déclarait Emmanuel Macron lors de sa longue interview à Médiapart, de « passer de la compétition qui mène à la cupidité à une coopération qui reconnaît les talents? ».
Que ce soit par les décisions prises ou les réactions qu’elles entraînent, les mois à venir donneront réponse à cette question.