La notion de Mémoire telle qu’elle est utilisée quotidiennement dans ma pratique de l’art-thérapie s’appuie sur les recherches et la pratique de Jeanne Bastien, analyste lyonnaise qui, dans les années 80, a découvert et utilisé la réalité d’un terrain vibratoire propre à chaque individu grâce à l’association de différents champs: scientifiques (mathématiques abstraites, physique, biologie etc) et humains (histoire, sociologie, philosophie etc).
En effet, pour chaque événement vécu dans un environnement particulier le corps garde l’information de tout ce qu’il a perçu, vécu et ressenti à cet instant. Un événement particulièrement négatif qui n’a pu être partagé et mis en mots, ne peut être mémorisé comme un souvenir (mémoire traumatique), imprime sa marque, est transmis sous forme sensible, vibratoire, énergétique. Il suffira ensuite de la réapparition, dans le présent, d’informations/sensations en lien avec celles de l’événement d’origine pour que l’état et la réaction du corps se fasse en fonction de ce qui a été vécu et non plus en fonction de ce qui est présent.
Ainsi, l’utilisation des arts a toute sa pertinence puisqu’elle rend possible et actualise l’expression très nuancée et très différenciée du vaste champ individuel des sensations et des ressentis. Elle permet de revenir à l’événement d’origine, à ce qui a été vécu et transmis. Grâce à l’implication active du corps, à la révélation concrète des éprouvés et des situations auxquels ils sont liés, à la mise en mots, le patient prend conscience de la part du passé dans son présent. Cela exige d’avoir le courage de rééprouver les résonances puissantes du passé dans le présent; à cette seule condition, la personne pourra alors leur donner un autre sens, une autre place et retrouver une nouvelle liberté grâce à cette analyse active, sensible, fondamentale et synthétique.
A l’heure actuelle, différentes études scientifiques commencent à valider les principes d’une transmission des informations sur plusieurs générations; par exemple, les recherches menées par l’université de Genève démontrant les traces des événements traumatiques sur l’ADN. Comme le prévoyait Jeanne Bastien, cela va demander une révolution des modes de pensée et des formes d’action. L’art-thérapie peut participer à ce mouvement novateur car elle réunit tous les paramètres nécessaires: valeur des sensations et des ressentis, du corps, de l’action, d’un fonctionnement individuel unique mais tourné vers l’autre (importance de la culture qui est un bien collectif).
NB: La présentation complète et très précise des recherches de Jeanne Bastien, thérapeute qui a accompagné et aidé des centaines de patients, est disponible sur le site d’André Matrat un corps7merveilles.fr. Qu’il soit remercié pour cette formidable oeuvre de transmission à partager.