LETTRE OUVERTE A EMMANUEL MACRON

DECRYPTAGE D’UNE LOGIQUE D’INVERSION

En préambule de cette lettre, sachez que les propos qui vont suivre sont issus d’une expérience indépendante acquise depuis plus de trente ans. Ils s’appuient sur le principe de Mémoires d’information, Mémoires affects dont la transmission et les effets ont été découverts par Jeanne Bastien dans les années 80 ouvrant ainsi un champ de connaissances et d’application si novateur que peu ont pu et peuvent encore le saisir. Ils se fondent également sur la lecture de votre livre Révolution et sur des propos énoncés lors de la crise sanitaire.

Monsieur le Président,

Aujourd’hui, que sont devenus le « en même temps » et la volonté de « réconcilier les français » que vous souhaitiez dans votre livre Révolution ?

Ces deux idées reposaient sur la volonté d’associer des différences voire des contraires apparemment incompatibles afin d’accompagner la France dans un présent en pleine transformation. Fier de votre culture classique et confiant dans le progrès, vous releviez le défi de combiner tradition et modernité, permettant ainsi à notre vieux pays de garder son identité tout en suivant le mouvement inéluctable de la mondialisation. Ainsi, se résoudraient les fractures et les résistances grâce à « notre unité, notre courage,  notre volonté commune » tandis que vous affirmiez la valeur de l’individualisme en déclarant que « rien n’est plus précieux que la libre disposition de soi-même ». Beaucoup se sont retrouvés dans cet élan d’une vision nouvelle prometteuse.

Et pourtant.

Un rapide regard sur la situation actuelle n’aboutit-il pas au constat inverse ?

Vous me répondrez sans doute que la crise sanitaire a bouleversé le temps de l’action politique comme l’ensemble du monde, qu’il a fallu et faut encore s’y adapter. N’avez-vous pas rapidement déclaré que nous étions « en guerre » et, plus récemment, que « le virus est le maître du temps » ?

Afin qu’il n’en soit plus le maître, vous faites donc le pari exclusif de la vaccination. Dans cette guerre d’usure, vous estimez que nous pouvons être gagnants. Cela n’est qu’une question de nombre. En effet, si l’on suit les modèles habituels, les mécanismes de défense activés par les vaccins peuvent conduire à son épuisement. Le virus mute de façon très rapide et ses capacités de variabilité sont mal comprises.  C’est donc aussi une question de temps et de vitesse.

Vous redoutez la quatrième vague, celle qu’une société et une économie déjà bien impactées ne supporteraient pas.  Fidèle à vos idées du « combat » et de « responsabilité assumée », vous exigez un effort national, la mobilisation de tous au nom d’un intérêt collectif. Il est vrai que l’alternat du « stop and go » ne fait qu’amplifier les vagues résultant du premier confinement vécu comme un choc. Car c’est bien de traumatisme dont il faut parler. Et la cacophonie qui ne cesse de l’accompagner nourrit quotidiennement incompréhension, mal-être et désordre. Ainsi, il peut apparaître qu’une position radicale, volontaire assumant ses responsabilités de leader, est la seule réaction nécessaire face à un envahisseur dont la présence et les effets deviennent de plus en plus préoccupants.

Cela peut sembler juste.

Et pourtant.

Permettez-moi de vous faire quelques remarques.

Tout d’abord, une attitude de crispation face à un danger est souvent le témoignage d’une fébrilité. La focalisation sur un seul paramètre le prouve encore plus. Surtout lorsque l’action se trouve détournée de ses appuis fondateurs. A ce jour, balayé par la peur et l’urgence, le « en même temps »  n’est plus de mise puisqu’il n’y a plus de paramètres à concilier. Votre dernière annonce en plein été favorise une fracture au sein de la société française ; je la constate au quotidien par l’usage de réactions bien excessives et une impossibilité du dialogue. Nous sommes bien loin de la réconciliation nationale… Un tel renversement de paradigme traduit combien vous aviez raison: le virus est effectivement devenu « le maître du temps ». Car depuis le début de l’épidémie, il ne cesse de questionner les modèles traditionnels en utilisant des processus d’inversion surprenants. Deux exemples suffisent. L’inversion du rôle du système immunitaire qui détruisait l’organisme au lieu de le défendre puis la découverte troublante d’anticorps facilitant la réplication du virus au lieu de s’y opposer.

Face à de telles incompréhensions n’aurait-il donc pas été plus pertinent de rester fidèle à vos idées en associant soin et vaccination comme d’autre pays l ‘appliquent dans un « en même temps » ouvert et dynamique qui fait confiance  à ses soignants ?

Parmi le corps médical, certains le déplorent ouvertement, d’autres n’en pensent pas moins mais n’osent s’exprimer. Est-ce normal ? Quoi qu’il en soit, quel dilemme pour tous ceux qui souhaitent exercer leur fonction en respectant leur serment tout autant que leurs patients. Pour eux aussi c’est une question de responsabilité au coeur de leurs actes.

Mais ce triste constat va encore plus loin.

En adoptant cette posture radicale, vous manquez non seulement à votre projet, vous obéissez à cette logique d’inversion qui n’ouvre guère le champ positif de l’Histoire.

Au contraire.

Vous la soumettez aux résonances funestes et nauséabondes de son passé. Car, comme l’a démontré Jeanne Bastien et comme je le constate chaque jour en tant que thérapeute au travers des faits et des dates, tout présent est relatif à un passé qui ne passe pas. Et celui qui reste dans cette inconscience en reproduira le schéma soit de manière directe, soit de manière inversée. Ce processus, dont le virus se sert, doit être absolument intégré pour comprendre cette pandémie et agir de manière adaptée. Sinon, c’est prendre le risque d’en conforter les effets voire de les amplifier. C’est non seulement une histoire de vitesse et de temps, c’est aussi celle de Mémoires d’information dont la nature vibratoire et le mode de transmission puis les effets dépassent le champ des connaissances actuelles. C’est d’ailleurs pourquoi ils ne peuvent être maîtrisés ni modélisés.

Intégrer une telle pensée exige une vraie révolution. Comme le préconise Edgar Morin depuis des années et le défend Luc Montagnier, elle demande l’association de multiples disciplines dans un esprit large et conciliant. Elle est le contraire d’une logique de crispation centrée sur la défense d’un territoire. Les pays et les Hommes qui le comprendront ouvriront la voie des siècles à venir. Vous appeliez de vos vœux « une France  entreprenante et ambitieuse » ; la crise actuelle demande plus. Vous proposiez dans votre projet « une autre vision » ; vous pensez sans doute que choisir une réponse unique sans esprit d’ouverture c’est faire entrer la France dans la voie du progrès ?

Etre visionnaire ce n’est pas répondre aux exigences immédiates et aux évidences premières de son temps. C’est saisir, avant tous, ce qui est négligé, à la marge, en combinant, en toute liberté, des données de façon totalement nouvelle. L’évolution de notre monde ne se fera plus uniquement avec des facteurs quantitatifs dont  les excès favorisent la pandémie. Elle devra intégrer un autre champ, celui du qualitatif c’est à dire des caractéristiques propres et uniques relatives à chaque phénomène ou événement observés.  Ainsi, d’autres solutions plus pertinentes pourront être trouvées. Cette révolution est en marche mais sa lecture demande une lucidité qui ne peut se concilier avec la peur du présent.

Les décisions prises dernièrement montrent trop d’incohérences pour laisser espérer en une vision nouvelle. L’application du « en même temps » se noie dans ce que vous constatiez et regrettiez au début de votre ouvrage : la création de « compromis bancals » si complexes qu’elle aboutit à des incohérences défiant toute logique pragmatique. « De la petite combine » aurait pu dire un personnage de Michel Audiard. Nul étonnement à ce que cette absence de bon sens nourrisse réseaux sociaux et Brèves de comptoir. Votre projet a laissé croire en une nouveauté. La situation actuelle en révèle les limites et l’illusion de sa modernité. Car vous êtes et restez un homme de votre temps pris dans le mouvement et l’aveuglement d’un présent qui peine à se renouveler. Les modalités de votre investiture révélaient déjà sans doute le reliquat d’une pensée trop classique pour être révolutionnaire. Sans parler du choix exclusif d’une nécessité à court terme caractéristique de l’homme moderne et contemporain bien peu soucieux des effets à long terme.

En vous réfugiant dans une posture si fidèle à d’autres figures du passé, vous reniez non seulement votre projet, vous faites même plus. Vous n’ouvrez pas un champ neuf de l’Histoire, vous faites l’inverse.

Dans un présent unique car toujours différent, j’assiste désormais au triste spectacle d’une Histoire qui se répète ; celle d’une France désormais déchirée entre des solutions totalement opposées face à un envahisseur microscopique imposant sa présence et ses principes.

Croyez bien que je le regrette.

Avec mes salutations citoyennes

Dominique Tournery

Simandres, le 2 août 2021

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